Hier soir, aux informations télévisées, l’incendie qui menace Los Angeles – pas tant que cela apparemment mais les médias aiment bien (se) faire peur – était au cœur de l’actualité. Un américain (la quarantaine, pas franchement l’air d’un geek) était interviewé car il venait de quitter en catastrophe sa maison avant qu’elle ne soit détruite par les flammes. Sa description du drame montrait que notre mode de vie a indubitablement et irrémédiablement évolué :

J’ai juste eu le temps d’attraper mon disque dur, mon portable et mon téléphone.

Il y a quelques années encore, il se serait rué sous le matelas, sur les documents officiels et les photos de famille en pestant de ne pas pouvoir tout emporter.

Cette anecdote fait à la fois sourire et réfléchir. Se dire que notre vie peut se résumer à quelques giga-octets d’émulsion électro-magnétique invite à l’humilité. Mais ce type a probablement sauvé plus de souvenirs et d’informations utiles sur sa vie passée qu’il n’aurait pu le faire il y a dix ans face à un événement aussi brutal.

Après ce reportage, mon épouse m’a dit que deux de ses collègues – pourtant plus adeptes de Elle et de Psychologie Magazine que de GNU Linux Magazine France – avaient pris l’habitude de numériser tous les documents officiels qu’elles recevaient (fiches de paie, factures, déclarations d’impôts, etc.) et de les stocker sur un disque dur externe. La pratique paraît chronophage (notamment lorsqu’on entreprend la numérisation de vingt ans de fiches de paie et de contrats de travail) mais pas stupide, surtout si l’on trouve le moyen d’indexer intelligemment le résultat. Certes, en l’état actuel de la loi, ces versions électroniques ne sont pas aussi probantes que les originaux en papier et ne sont probablement pas opposables devant un tribunal. Mais elles constituent un socle d’informations (noms, dates, références, etc.) qui peut faciliter des recherches quelques décennies plus tard.